17 mai 2021

La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) a rassemblé, ce matin, des intervenantes en centre de la petite enfance (CPE) et des familles de toutes les régions du Québec devant le bureau de circonscription de la présidente du Conseil du trésor à Trois-Rivières. Avec l’appui de la députée de Joliette et porte-parole du Parti québécois en matière de famille, Véronique Hivon, les syndiquées ont crié leurs demandes pour des salaires plus élevés et une reconnaissance à la hauteur de leur expertise. Une seconde manifestation pacifique était organisée au même moment en Abitibi-Témiscamingue et réunissait aussi des dizaines de parents et d’intervenantes qui ont lancé un appel au gouvernement pour se faire entendre.

En avril, la FIPEQ-CSQ avait fait parvenir une lettre à Sonia LeBel lui demandant d’agir rapidement afin de résoudre les différends dans le cadre des négociations nationales en CPE, suite au dépôt de demandes normatives choquantes par le ministère de la Famille et les employeurs. La fédération sommait alors la ministre de faire reculer la partie patronale et d’injecter des fonds rapidement pour des offres salariales à la hauteur des attentes de ses membres. Sonia LeBel était donc invitée, ce matin, à rencontrer ces salariées essentielles pour le Québec et les entendre parler de leur réalité sur le terrain, elles qui quittent le métier par dizaines chaque semaine à cause du manque de reconnaissance et d’un manque criant de ressources causant un épuisement profond.

La FIPEQ-CSQ maintient qu’un investissement immédiat est nécessaire pour retenir les professionnelles de la petite enfance et attirer la relève. En tenant compte du contexte économique actuel et des milliers de femmes qui ne peuvent regagner le marché du travail à cause du manque de places pour leur enfant dans le réseau de la petite enfance, la fédération souhaite arriver rapidement à une entente pour ses membres. Selon elle, une réponse favorable aux demandes syndicales de la part de la présidente du Conseil du trésor permettra de se concentrer sur la mise en œuvre de solutions concrètes à cette crise sans précédent.

Les cinq membres du Conseil exécutif de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) étaient sur place pour signifier leur soutien aux salariées des services éducatifs à la petite enfance, un réseau qui fait la fierté de tous, mais qui est aussi cité en exemple à l’échelle du Canada, comme l’a souligné la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.

« On a le devoir de protéger ce réseau de la petite enfance, parce qu’il fait la fierté de tous les Québécoises et Québécois. Il y a les mauvaises conditions de travail en petite enfance, mais on a aussi un problème généralisé de sous-investissement dans tout le réseau. Dans ses annonces au dernier budget, le gouvernement fédéral a compris, lui, que pour relancer l’économie, il fallait investir en petite enfance. Ça fait d’une pierre trois coups : ça développe un secteur traditionnellement féminin, ça crée des infrastructures et ça permet aux mères de retourner sur le marché du travail. Au Québec, le ministre de la Famille s’est trompé de 75 %. Il y a en réalité près de 90 000 parents dont les enfants attendent une place, puis il aura fallu une attaque informatique pour qu’on l’apprenne. C’est inacceptable, parce que ce sont autant de familles, de mères, qui doivent recourir au privé, ou sinon rester à la maison. On appelle ça : un retour en arrière. Le message qu’on porte dans cette négociation en est un pour toutes les femmes du Québec et on demande une vraie reconnaissance du travail des femmes », a lancé Sonia Ethier devant la foule fébrile.

« Malgré nos invitations répétées et notre présence pendant trois heures devant son bureau, malheureusement, madame LeBel a choisi de ne pas venir à notre rencontre. C’est peu dire du manque d’écoute que nous avons du gouvernement de la CAQ depuis le tout début. Il préfère ignorer les signaux d’alarme, pendant que dans les services éducatifs à la petite enfance, tout comme dans l’ensemble des services publics, ça brûle de partout. Les intervenantes en CPE veulent être reconnues à leur juste valeur, mais c’est à peine si elles obtiennent un simple merci et on essaie de leur enlever des acquis pour lesquels elles se sont battues pendant des années. Elles sont qualifiées et passionnées par leur métier, mais elles sont à bout de souffle. C’est notre personnel le plus qualifié qui nous quitte et on ne peut pas les blâmer de partir pour avoir de meilleures conditions ailleurs. Le gouvernement doit nous entendre et doit passer à l’action », a déclaré Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.

« Le gouvernement a beau promettre de créer des places, mais il doit se réveiller : sans nous, il n’y a pas de services éducatifs à la petite enfance. Il faut reconnaître notre expertise et nous offrir un meilleur salaire à la lumière de nos responsabilités quotidiennes, qui ne cessent d’augmenter. Il faut des postes de soutien aux intervenantes et de préposées afin d’alléger nos tâches en fonction du nombre d’enfants, ainsi que des mesures additionnelles pour soutenir les enfants ayant des besoins particuliers. Nos principales demandes syndicales dans le cadre de ces négociations en CPE sont la clé pour arrêter l’hémorragie, car elles visent à soutenir des milliers de familles. Nous ne pouvons pas nous permettre de reculer. Tous les enfants devraient avoir une place dans un service éducatif régi et subventionné, de qualité », a ajouté Anne-Marie Bellerose, porte-parole politique de la négociation et secrétaire-trésorière de la FIPEQ-CSQ.

La FIPEQ-CSQ ne jette pas l’éponge pour autant et s’est engagée à persister dans sa demande de rencontre à Sonia LeBel, afin d’échanger sur la réalité des intervenantes en CPE et d’obtenir des salaires adéquats. La fédération s’attend à recevoir des offres salariales à la table de négociation nationale dans les prochaines semaines.