27 mars 2018

« L’éducation doit être une priorité nationale à temps plein, pas seulement en année électorale. Est-ce que ça prend des élections chaque année pour s’assurer d’avoir un réinvestissement dans les services publics, notamment en éducation et en santé? Il y a beaucoup de réchauffé dans ce budget. L’exercice est loin de nous faire oublier tout le dommage causé en début de mandat. »

Voilà la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, au budget 2018-2019 présenté aujourd’hui par le ministre des Finances, Carlos Leitao.

Éducation et enseignement supérieur : un financement en montagnes russes

Si le budget Leitao prévoit une hausse de l’enveloppe du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de 5 % en 2018-2019, la CSQ constate que, rapidement, les budgets reviennent, au cours des prochaines années, à des niveaux tout juste suffisants pour couvrir les coûts de système.

« Il faut agir de façon récurrente pour l’éducation, pas seulement en fin de mandat, à l’approche des élections. L’amélioration des conditions d’exercice du personnel, notamment les profs qui le réclament avec le mouvement Agissons, ne se construit pas avec une hausse momentanée du financement de l’éducation. C’est d’ailleurs pour cela qu’on s’est fait entendre ce matin, à l’entrée du budget », poursuit Louise Chabot.

Parmi les nouveaux investissements annoncés, la CSQ voit d’un bon œil les sommes allouées pour le quatrième stage des futurs enseignants, qui s’élèvent à 15 millions de dollars cette année, une mesure réclamée depuis une décennie.

Par ailleurs, elle accueille positivement les sommes annoncées pour la mise en place du plan d’action numérique en éducation. Elle jugera toutefois de cette mesure lorsque le plan sera présenté et détaillé.

En enseignement supérieur, le budget prévoit une croissance des dépenses de 4,4 % pour le réseau collégial. Ces sommes sont bienvenues, considérant les lourdes compressions subies en début de mandat dans ce secteur, et la CSQ attend toujours de pied ferme le nouveau mode de financement des cégeps.

Santé et services sociaux : rien de concret

Avec une croissance des dépenses de santé et services sociaux de 4,6 %, le budget octroie tout juste les ressources requises pour financer les coûts de système, mais ne répond en rien à la crise vécue par le personnel infirmier : « Nous pouvions nous attendre à un grand coup de barre de la part du gouvernement pour soulager le personnel et ainsi améliorer les services à la population. Or, le budget mentionne uniquement que diverses mesures seront mises en place pour répondre à la problématique d’organisation du travail. Il semble qu’il faudra attendre d’autres annonces préélectorales pour en connaître la teneur. C’est déplorable! »

Petite enfance : un budget bien silencieux

La CSQ dénonce que le budget ne contienne aucune mesure permettant de soutenir le réseau public éducatif à la petite enfance. Le budget confirme l’annonce d’hier concernant la majoration de l’aide financière accordée aux familles bénéficiant de l’aide sociale. La Centrale salue cette mesure qui favorise l’égalité des chances pour les tout-petits. Par ailleurs, elle dénonce fermement le fait que le gouvernement Couillard favorise une fois de plus les garderies privées en haussant les dépenses admissibles au crédit d’impôt pour garde d’enfant.

Main-d’œuvre : timide sur la formation

Le budget prévoit une série de mesures visant à répondre aux défis du marché du travail. La CSQ voit d’un bon œil les initiatives visant la participation des personnes immigrantes et des travailleurs expérimentés, mais déplore la timidité des mesures pour la formation.

« Ce budget électoral, alimenté par une croissance économique particulièrement forte, ne doit pas nous faire oublier que ce gouvernement a priorisé les baisses d’impôt et le remboursement de la dette en accéléré, qui nous priveront au cours des prochaines années de milliards de dollars. Ces sommes auraient pourtant été nécessaires afin de redonner à la population des services de qualité et, au personnel, des conditions de travail plus humaines », conclut Louise Chabot.