23 août 2021

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) réagit à l’annonce de création de 9014 places issues de l’appel de projet lancé le 5 octobre 2020 par le ministère de la Famille. Bien qu’elle se réjouisse que l’annonce prévoie 4655 places de plus que prévu initialement, elle déplore l’absence de mesures pour l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre.

« À l’aube d’une rentrée marquée par une potentielle quatrième vague d’infections à la COVID-19, notre réseau est à bout de souffle. Les bris de service se multiplient dans le réseau de la petite enfance et les départs de personnel qualifié se poursuivent », déplore le président de la CSQ, Éric Gingras.

« Il faut des mesures costaudes pour cesser l’hémorragie, car le manque de places est directement lié à la pénurie de main-d’œuvre qui s’aggrave de jour en jour », demande la présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Valérie Grenon.

Des offres insuffisantes en CPE

La FIPEQ-CSQ souligne que le gouvernement dispose de tous les leviers nécessaires pour corriger le tir. Avec un transfert annoncé de 6 G$ sur cinq ans par le gouvernement fédéral, Québec doit investir rapidement pour bonifier les salaires et les conditions d’exercice. Rappelons que les intervenantes en petite enfance en CPE sont sans contrat de travail depuis le 31 mars 2020.

« L’écho du terrain, c’est qu’avec les mesures sanitaires mises en place et l’augmentation constante du nombre d’enfants ayant des besoins particuliers, nos intervenantes sont au bout du rouleau. Il faut certes bonifier le salaire des éducatrices qualifiées, mais aussi s’assurer d’avoir du personnel de soutien avec de bonnes conditions de travail pour les épauler. Ça prend une panoplie d’expertises pour faire rouler un CPE et elles méritent toutes d’être reconnues », explique Mme Grenon.

Un comité sur la rémunération en milieu familial 

Par ailleurs, la FIPEQ-CSQ espère que le ministère de la Famille parviendra à une entente cet automne avec ses représentants afin d’ajuster la rémunération des responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE). Un comité avait été mis en place lors de la signature de la dernière entente collective au terme d’une semaine de grève générale.

« Chaque année, la création de nouvelles places est plombée par des départs en milieu familial régi et subventionné. L’exode de centaines d’intervenantes s’est poursuivi ces derniers mois. Nous avons une occasion unique de marquer une nouvelle ère pour nos services éducatifs cet automne en corrigeant les iniquités qui existent », poursuit Mme Grenon.

Le tiers des places au privé?

Enfin, la FIPEQ-CSQ plaide depuis plusieurs années pour un réseau entièrement composé de CPE et de milieux familiaux régis et subventionnés, mettant ainsi fin au modèle actuel à trois vitesses avec les milieux privés non-subventionnés et privés subventionnés. Or, les données rendues publiques par le ministère pour la région de Québec laissent croire à un développement où le tiers des places sont octroyées au réseau privé subventionné. Pour la FIPEQ-CSQ, cela va même à l’encontre de sa principale recommandation aux consultations publiques du ministère, celle de convertir toutes les places du réseau privé vers les CPE.

Alors qu’un récent rapport de la vérificatrice générale du Québec faisait état d’une liste d’attente de 55 000 enfants, la FIPEQ-CSQ appelle Québec à répondre aux demandes des parents qui revendiquent des places de qualité.

« Les Québécoises et les Québécois sont fiers de leur réseau de CPE et de milieux familiaux régis et subventionnés. Avec l’argent neuf annoncé par le fédéral, nous comprenons mal que le privé soit surreprésenté par rapport à d’autres appels de projet. Québec devrait viser un réseau public afin d’assurer une place de qualité à chaque enfant qui saura garantir sa réussite », termine M. Gingras.