26 mai 2019

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) désapprouve l’intention du gouvernement de mettre en place à grands frais un programme universel de maternelle 4 ans, demande le retrait de ce projet de loi et l’invite plutôt à continuer d’offrir la maternelle 4 ans auprès des enfants de milieux défavorisés qui ne fréquentent pas un service éducatif à la petite enfance.

C’est la recommandation # 1 qui figure dans le mémoire qu’elle déposera lors des consultations particulières et des auditions publiques de la Commission de la culture et de l’éducation.

Offrir aux enfants toutes les chances de réussir leur parcours scolaire et leur vie est au cœur des préoccupations de la CSQ, qui réunit tous les acteurs clés contribuant au développement des tout-petits. « S’il est important d’agir tôt auprès des enfants et d’améliorer les services éducatifs qui leur sont offerts, la CSQ ne croit pas que le déploiement « mur à mur » de la maternelle 4 ans soit la voie à privilégier. En effet, d’autres actions sont nettement plus porteuses et prioritaires », a d’abord indiqué la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.

 

Consolider un modèle unique qui a fait ses preuves

« Les familles ont déjà accès à divers services publics de qualité pour leurs enfants de 4 ans, dont les bénéfices sont largement reconnus. Pensons aux services éducatifs en milieux familiaux régis et subventionnés, aux centres de la petite enfance (CPE), à la maternelle 4 ans temps plein en milieu défavorisé ainsi qu’au programme Passe-Partout. Ce modèle complémentaire répond aux besoins des enfants et des familles. Il serait plus pertinent de renforcer les services existants en misant sur les bonnes priorités », a-t-elle poursuivi.

 

Utiliser judicieusement les fonds publics

L’instauration de la maternelle 4 ans « mur à mur » nécessitera des investissements importants. Dans l’éventualité où la moitié des enfants de 4 ans fréquenteraient la maternelle, ce sont minimalement 436 millions de dollars par année qui devraient y être consacrés, sans compter les investissements en infrastructures, qui pourraient atteindre 900 millions de dollars. De plus, contrairement aux 122 400 dollars annoncés lors de la campagne électorale, le coût moyen pour construire chaque nouvelle classe de maternelle 4 ans est désormais estimé à 800 000 dollars.

 

« Pour la CSQ, il ne fait aucun doute qu’il serait beaucoup plus judicieux d’investir ces sommes pour accroître l’accessibilité, la continuité et la qualité des services existants, notamment par l’ajouts de places en CPE et en milieu familial public et pour s’assurer que tous les critères de qualité soient au rendez-vous dans les maternelles 4 ans temps plein en milieu défavorisé. Tant du côté de l’éducation que de la petite enfance, les services ont été sérieusement fragilisés par les importantes compressions budgétaires et peinent à s’en remettre. Pour les maternelles 4 ans, nous sommes d’avis qu’il faut en faire moins, mais qu’il faut en prendre soin », a ajouté Sonia Ethier.

 

Miser sur les bonnes priorités

« Si nous partageons l’idée du gouvernement d’agir tôt auprès des enfants, il ne suffit pas de dépister les difficultés des enfants. Il faut s’assurer que les enfants pourront bénéficier de services soutenus et ce, tout au long de leur parcours. Pour ce faire, les ressources professionnelles et de soutien doivent être disponibles en nombre suffisant et être diversifiées pour permettre d’avoir le bon intervenant au bon endroit (psychoéducation, ergothérapie, orthopédagogie, orthophonie, psychologie, technicienne ou technicien en éducation spécialisée, etc.). Ces ressources sont complémentaires et non pas interchangeables », a insisté la présidente.

 

Éviter la compétition

La CSQ ne peut passer sous silence les répercussions du projet de maternelle 4 ans « mur à mur » en termes de pertes d’emploi potentielles dans le réseau de la petite enfance. « Ce sont des milliers de femmes qui risquent de se retrouver en situation de pauvreté. En raison du développement de deux réseaux parallèles pour les tout-petits de 4 ans, ce projet a pour effet de les mettre en compétition, alors qu’ils doivent travailler main dans la main. Il faut savoir mettre les énergies aux bons endroits. Nous nous unissons pour demander au gouvernement de rectifier le tir en misant sur les bonnes priorités », a souligné Sonia Ethier.

« Il est clair pour nous que la population ne tiendrait pas rigueur au premier ministre s’il renonçait à son engagement de maternelle 4 ans « mur à mur » pour miser sur les bonnes priorités car, au final, l’objectif serait atteint. Les enfants bénéficieraient des conditions optimales pour assurer leur plein développement », a tenu à préciser la présidente de la CSQ.

 

En guise de conclusion

Rappelons que la CSQ représente le personnel enseignant à l’éducation préscolaire (FSE-CSQ), les intervenantes en petite enfance en milieu familial ou en centres de la petite enfance (FIPEQ-CSQ), le personnel professionnel du réseau scolaire (FPPE-CSQ) et le personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).

 

Profil de la CSQ

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente près de 200 000 membres, dont plus de 125 000 font partie du personnel de l’éducation. La CSQ compte 10 fédérations qui regroupent quelque 240 syndicats affiliés en fonction des secteurs d’activité de leurs membres. S’ajoute également l’AREQ (CSQ), l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec.