26 mars 2021

La FIPEQ-CSQ reconnaît l’effort, mais juge les mesures pour accompagner les familles insuffisantes

Les attentes étaient énormes dans les rangs des intervenantes à la petite enfance en vue du dépôt du budget 2021-2022 par le ministre des Finances, Éric Girard. Malgré les sommes accordées sur cinq ans, la FIPEQ-CSQ doute que les mesures timides annoncées hier puissent régler les problématiques énormes, dont le manque de places criant en services éducatifs, une fois pour toutes.

Tout d’abord, la FIPEQ-CSQ est reconnaissante que sa demande d’aide financière pour les RSE accueillant plus de six enfants ait été entendue durant la négociation de l’entente collective en milieu familial. De reconnaître l’importance des responsables en services éducatifs (RSE) pour l’avenir du réseau est un pas dans la bonne direction, mais on leur demande d’en faire plus et elles vivent déjà une surcharge de travail à cause des dédales administratifs. Or, considérant la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau, cette mesure financière par elle-même ne garantit en rien que de nouvelles assistantes seront au rendez-vous pour travailler avec les RSE qui désirent accueillir jusqu’à neuf enfants. La fédération a hâte d’en apprendre plus sur la vision qu’a le ministère de la Famille sur la mise en œuvre de cette aide, sa répartition pour le 7e, 8e et 9e enfant supplémentaire, ainsi que l’impact visé sur la rétention de personnel dans le réseau de la petite enfance.

La FIPEQ-CSQ a aussi des réserves concernant le programme de formation de courte durée, un projet pilote qui doit encore faire ses preuves. Le ministre de la Famille semble avoir entendu l’appel au recrutement. Le fait de privilégier des stages en milieu de travail pour les étudiantes à l’AEC est une bonne nouvelle. Par contre, une chose est sûre : ce programme ne réglera en rien le manque immédiat d’intervenantes qualifiées. De plus, les 45 millions $ proposés limitent à environ 3 000 le nombre de participantes au programme qui, après 3 ans, pourraient choisir de rester ou pas dans le réseau de la petite enfance compte tenu de la surcharge de travail et du retard salarial face aux autres secteurs d’emploi. Il y aurait plutôt un manque de 10 000 intervenantes pendant la même période selon le ministère de la Famille.

Le ministre des Finances a bien dit vouloir investir dans l’avenir et a nommé la pénurie d’éducatrices parmi ses priorités. Il est donc incompréhensible que le budget provincial qu’il a présenté hier nous laisse l’eau à la bouche. La FIPEQ-CSQ est surtout déçue que les règles budgétaires n’améliorent en rien les conditions de travail des intervenantes à la petite enfance, le principal frein à l’attraction et à la rétention de personnel qualifié, mais aussi à la création de places pour les tout-petits. Le budget ne prévoit aucun montant pour encourager l’embauche ou le démarrage d’un service éducatif ni de prime de fidélité pour reconnaître l’expertise des salariées qualifiées à long terme.

Le budget ne prévoit non plus aucun assouplissement des règles budgétaires visant les allocations pour les enfants issus de familles à faible revenu ou les enfants ayant des besoins particuliers. La FIPEQ-CSQ espère que le ministère de la Famille va reconsidérer les programmes de subventions actuels, afin de favoriser l’égalité des chances pour tous les enfants du Québec.

« Nous avons deux bonnes nouvelles, mais ce sont de très minces pistes de solution à de très gros problèmes. Nous voulions plutôt une série de solutions qui s’additionnent pour stopper l’hémorragie une fois pour toutes. Nous sentons que le ministère de la Famille nous prend au sérieux et nous espérons sincèrement que nous allons avoir d’autres annonces dans les semaines à venir qui vont être complémentaires aux mesures financières annoncées. Dans l’immédiat, il n’y a rien pour encourager les nouvelles intervenantes et rien pour améliorer les conditions de travail ou pour bonifier les salaires qui sont parmi les plus bas au Québec. C’est vrai que l’an dernier, nous avons eu « 0 », mais cette année avec la crise sur le terrain, on s’attendait à beaucoup plus », se désole Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.

Avec un cadre financier de négociation en dessous de l’indice des prix à la consommation, la FIPEQ-CSQ espère seulement que ses demandes aux tables de négociation en centre de la petite enfance (CPE), soumises récemment, seront entendues. La fédération souhaite que le gouvernement fasse un effort durant les discussions en cours pour proposer des solutions concrètes, à la hauteur de la qualité du travail des intervenantes à la petite enfance. Elle a confiance que l’engagement solide du ministère de la Famille va se poursuivre aussi dans les travaux du comité de rémunération des RSE d’ici cet automne.