Regards croisés Québec-Norvège : la petite enfance, un choix politique essentiel
20 novembre 2025
Par Laurianne Veilleux, conseillère aux communications
« À l’aube de la prochaine campagne électorale, l’enjeu qui se dessine est clair : les tout-petits doivent être placés au centre des décisions publiques, car le réseau des services éducatifs à la petite enfance dépend directement d’un véritable engagement politique », explique Madame Anne-Marie Bellerose, présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ).
Une semaine importante pour la petite enfance
À l’occasion de la 10e édition de la Grande semaine des tout-petits, la FIPEQ-CSQ, affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), revient sur un échange international marquant tenu cet automne, avec l’Union des enseignants de Norvège (UEN).
Autant au Québec qu’en Norvège, les syndicats partagent le même constat : il est impossible de dissocier l’amélioration des conditions de travail du contexte politique. Le réseau des services éducatifs à l’enfance doit continuer d’être une priorité politique, car investir en petite enfance, c’est assurer l’avenir de toute une société.
Renforcer un message essentiel
D’entrée de jeu, Monsieur Éric Gingras, président de la CSQ, a rappelé une réalité fondamentale : « À la CSQ, l’éducation commence dès la petite enfance et se poursuit jusqu’à l’enseignement supérieur, en passant par le réseau scolaire. Nos éducatrices et intervenantes en petite enfance sont des actrices essentielles de l’éducation, et non de simples gardiennes. »

Le réseau des services éducatifs à l’enfance est une fierté québécoise, construit grâce à des choix politiques qui ont permis aux femmes d’intégrer pleinement le marché du travail et à des milliers d’enfants d’avoir accès à un milieu de développement de qualité. « Ce réseau est précieux et doit continuellement être défendu et consolidé. », souligne Monsieur Gingras.
Un parallèle frappant
Invitée à partager la réalité norvégienne en matière de petite enfance, Ann Mari Milo Lorentzen, présidente de l’UEN, met en lumière un parallèle frappant avec les milieux québécois : « Nous avons aussi nos défis qui persistent, des salaires encore inférieurs au personnel enseignant, un manque de reconnaissance professionnelle, de la difficulté à attirer la relève, sans oublier le déclin marqué du recrutement ».

Entre 2020 et 2024, le pays a observé une baisse de 39 % du taux d’inscription aux formations du réseau, une situation qui, selon la présidente, menace directement l’accessibilité des services éducatifs. Sans actions concrètes sur les salaires et les conditions de travail, la fuite du personnel continuera de fragiliser les réseaux publics et ultimement, d’affecter la qualité des services éducatifs.
Un devoir collectif de valorisation
Abondant dans le même sens que son homologue norvégienne, la présidente de la FIPEQ-CSQ rappelle notre devoir collectif de valoriser cette profession.
« Les décisions gouvernementales façonnent directement les services offerts aux enfants. D’ailleurs, cette tendance gouvernementale à accélérer la qualification des intervenantes n’assure en aucun cas la pérennité des services éducatifs de qualité.
Avoir un diplôme, ce n’est pas simplement détenir un bout de papier, c’est avoir tous les outils nécessaires pour accompagner nos tout-petits ».

Investir dans la petite enfance, c’est investir dans l’avenir
Dans un contexte marqué par une pénurie de main-d’œuvre persistante, les ressources restent insuffisantes pour répondre aux besoins grandissants des enfants du Québec.
Un sondage mené par la firme Léger à la demande du Collectif petite enfance, en collaboration avec l’Observatoire des tout-petits, révèle, dans une lettre ouverte publiée le 17 novembre, que « 86 % de la population québécoise souhaite que le gouvernement du Québec investisse davantage dans le développement des enfants »[1], notamment par l’entremise des services éducatifs à l’enfance.
Cosignataire de cette lettre ouverte qui marque le début de la Grande semaine des tout-petits 2025, la FIPEQ-CSQ soutient que les prochains mois seront déterminants. Les échanges internationaux tenus cet automne renforcent un message essentiel porté par plusieurs acteurs œuvrant en petite enfance au Québec : les tout-petits doivent demeurer une priorité politique.
Prenons donc un moment, en cette Grande semaine des tout-petits, pour rappeler qu’à la FIPEQ-CSQ, nous continuerons de défendre un réseau éducatif de qualité, réellement au service des tout-petits.
Les tout-petits au cœur des choix