31 août 2020

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, affirme que le salaire des milieux familiaux est à ce niveau puisque ces femmes travaillent de la maison.

Le ministre réagissait au salaire équivalent à 12,42$/h gagné par les milieux familiaux.

Tout porte à croire que le Ministre ait encore tenu des propos sexistes à l’égard des responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE). Alors qu’il déclarait en février 2020 que les femmes et les hommes étaient tous égaux concernant le salaire et que tout le monde s’entendait là-dessus, Radio-Canada rapporte les propos suivants du bureau du ministre :

« Le ministère de la Famille, de son côté, rappelle que ce n’est pas un salaire à l’heure qu’il verse, mais bien une subvention qui tient compte du fait que les responsables travaillent depuis leur domicile. La subvention tient aussi compte de leurs dépenses inhérentes et du nombre d’heures réalisées. Le ministère estime donc être équitable, compte tenu de ces conditions. »

Vraiment? Voyons pourquoi cette déclaration n’a aucun sens.

  1. Pourquoi les RSE seraient-elles pénalisées, car elles travaillent de leur domicile? Au contraire, le coût d’une place pour l’État en milieu familial coûte une fraction du prix d’une installation puisqu’il n’y a pas d’infrastructure à payer. De plus, le gouvernement avancerait-il cet argument pour d’autres corps d’emploi? Dirait-il d’un concepteur de site web qui travaille de chez lui pour le compte du gouvernement qu’il ne devrait pas recevoir son plein salaire? Nos décideurs ont toujours eu de la difficulté à reconnaître les métiers du domaine du care, comme si c’était inné pour les femmes de rester à la maison avec des enfants. Si ce métier était principalement occupé par des hommes, on dirait probablement que ce sont de fiers entrepreneurs qui rendent service au Québec.
  2. La subvention tient compte des dépenses. Vraiment? Depuis le début de la pandémie, les intervenantes doivent débourser davantage pour une foule de produits de désinfection, sans parler des hausses de coût de l’épicerie pour les enfants (car oui, elles s’occupent aussi des repas!). Si deux enfants dans un même service ont des besoins particuliers pour des services spécialisés, le gouvernement n’en finance qu’un seul sur les deux et demande à la RSE de payer de sa poche pour le deuxième.
  3. L’aspect le plus drôle de la déclaration : la subvention tient compte du nombre d’heures travaillées. Ça, c’est l’affirmation la plus loufoque! Depuis toujours, le ministère ne reconnaît pas les heures travaillées de la RSE. Il considère qu’elle travaille 35 h ou au maximum 40 h. Pourtant, les RSE sont ouvertes 50 h semaine en présence d’enfants pour la plupart. Sans compter le temps de préparation pédagogique, de désinfection, de préparation des repas, de gestion du service éducatif et encore plus d’autres tâches connexes! Dans les faits, on parle de plus de 60 h semaine pour plusieurs RSE.

Il n’est pas précisé dans le texte qui est cité. Le ministre lui-même? Un attaché de presse? Un fonctionnaire? Dans tous les cas, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, en a visiblement échappé une autre…

Les propos sont-ils sexistes? On vous laisse en juger, mais assurément, ils sont complètement déconnectés de la réalité!