La FIPEQ-CSQ demande une attitude responsable et des annonces imminentes au ministre de la Famille
6 mai 2021
La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) est impatiente d’entendre les annonces auxquelles le ministre de la Famille s’est engagé tout l’après-midi pour relancer le réseau de la petite enfance. Ces annonces, qui semblent prometteuses pour relancer d’abord et avant tout les services éducatifs en milieux familiaux régis et subventionnés, sont attendues par les membres de la fédération depuis plusieurs semaines.
Des incitatifs concrets qui améliorent les conditions d’exercice et les salaires permettraient certainement de renverser la vapeur, de retenir les intervenantes en place et d’encourager les jeunes et les moins jeunes à se joindre à elles grâce aux formations offertes. Tel que proposé par les trois partis d’opposition, la profession d’intervenante pourrait offrir plusieurs attraits, notamment des primes d’ouverture pour un service éducatif en milieu familial, des primes de fidélité pour les responsables en service éducatif (RSE) en milieu familial déjà en place, des bonifications des subventions offertes par enfant, en plus du soutien financier déjà promis pour les milieux familiaux accueillant jusqu’à neuf enfants.
Durant l’Étude des crédits budgétaires 2021-2022 du ministère de la Famille, le ministre Mathieu Lacombe a justifié le manque de places dans les services éducatifs à la petite enfance par les nombreuses fermetures en milieux familiaux. En fait, depuis mars 2014, c’est plus de 28 % des RSE, soit 4 434 personnes, qui ont quitté le réseau. Ainsi, plus de 30 000 places en services éducatifs en milieu familial régi et subventionné ne peuvent être occupées, par manque d’intervenantes. Or, le ministre s’entête à promettre de créer 22 000 places, mais sans s’avancer quand, où et avec quel argent il compte procéder.
De plus, le ministre de la Famille semble confondre à son avantage les chiffres qui concernent les services éducatifs en milieu familial, ce qui pourrait avoir un impact sur un manque à gagner de près de 8 000 places. Quand Mathieu Lacombe parle de 22 000 places, ce sont en réalité le total de places non attribuées à cause d’un manque d’éducatrices en milieu familial. Par contre, c’est un total de plus de 31 000 places qui sont non occupées selon les chiffres de son ministère. Le ministre de la Famille promet aussi de compléter le réseau avant la fin de son mandat, mais sans préciser d’échéancier.
De plus, Mathieu Lacombe n’a pas voulu s’avancer sur des solutions afin de convertir les services de garde offerts par des personnes non reconnues en milieux familiaux. Selon les chiffres avancés par le ministre de la Famille, la FIPEQ-CSQ estime qu’il serait possible d’attirer, par la mise en place d’un plan d’action proactif, les 8 687 personnes non reconnues dans le réseau des services éducatifs en milieu familial régis et subventionnés, pour qu’elles offrent des places à contribution réduite aux enfants.
« On souhaite les 22 000 places que le ministre nous a promis aujourd’hui pour les enfants du Québec. Si le ministre de la Famille avait un plan global, il aurait vu qu’il y a plusieurs solutions qui peuvent l’aider à en créer encore plus! Malheureusement, sans intervenantes, ces places n’ouvriront jamais. Mathieu Lacombe continue à donner en exemple la négociation des RSE, mais nous n’y avons pas atteint tous nos objectifs. C’est pourquoi nous avons un comité sur la rémunération des RSE qui s’y penche actuellement et le ministre doit s’engager à appliquer les résultats dès cet automne s’il veut freiner l’hémorragie. Pour ce qui est des subventions, la balle est dans son camp. Nos syndicats ne seront jamais contre une augmentation des subventions et des salaires, notre stylo pour signer une lettre d’entente en ce sens est prêt », réagit Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
Négociation des conventions collectives en cours
La FIPEQ-CSQ a été surprise d’entendre le ministre de la Famille rejeter l’idée qu’il y a aussi une crise dans les rangs des intervenantes en CPE. Même en voulant se dissocier du processus de négociation des conventions collectives en cours, il s’est engagé que les partis arriveront à une entente rapidement et que la rémunération des intervenantes en CPE sera bonifiée. La fédération souligne que la table est mise et que c’est le meilleur moment pour le ministre de prendre en main ses responsabilités et d’injecter rapidement les fonds nécessaires avant de voir le bateau couler.
« Le ministre de la Famille nous dit que ce qui compte est le résultat final. Pour le moment, nous sommes bien loin d’un résultat final positif. Nous perdons des places à chaque année, nous faisons déjà face à des bris de service en raison d’un manque de main-d’œuvre criant et le pire est à venir. Les salariées sont épuisées, le bateau coule et il ne peut pas les laisser se noyer. Il dit qu’à la fin de la négociation, il va y avoir une amélioration des conditions de travail. C’est bien, mais au point où nous sommes rendues on ne peut plus se limiter à « bien ». Il faut faire mieux, beaucoup mieux, si on veut recruter plus de 10 000 éducatrices d’ici 2024! Le ministre ne peut pas se dissocier des négociations, puisqu’il est le principal bailleur de fonds du réseau. Il doit assumer ses responsabilités et, pour que les CPE puissent offrir des salaires attrayants, attirer la relève et retenir les éducatrices en place, encore faut-il qu’il leur offre les subventions pour ce faire », conclut Valérie Grenon.