Le gouvernement veut attirer de nouvelles éducatrices sans aucune solution pour les retenir
26 avril 2021
La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) voit d’un œil favorable l’annonce de ce matin par le ministre du Travail, Jean Boulet, du lancement d’un premier programme national de formations de courte durée COUD permettant de concilier travail et études dans le cadre de l’obtention d’une attestation d’études collégiales (AEC) en petite enfance. La FIPEQ-CSQ a été parmi les partenaires qui discutaient depuis des mois à la mise en place d’un tel programme qui attire des femmes vers le métier d’éducatrice et permet de miser sur la relève pour les années à venir.
Par contre, la FIPEQ-CSQ voit avec beaucoup de scepticisme comment cette solution pourra arrêter l’hémorragie sans précédent dans le réseau de la petite enfance. Le manque de places régies et subventionnées est criant pour les enfants du Québec et ce que le ministre Mathieu Lacombe a lui-même, sans hésitation, qualifié d’importante pénurie de main-d’œuvre, en est la principale cause. Or, l’augmentation souhaitée des inscriptions dans les programmes d’études collégiales est une solution à long terme, puisque les étudiantes obtiendraient leur qualification à partir de 2024, puis ne prend pas en considération le nombre élevé d’abandons en cours de route. Pour la FIPEQ-CSQ, la solution passe plutôt par la rétention du personnel éducatif en place à court terme, grâce à une amélioration des conditions de travail et une bonification des salaires, ce qui assurera aussi la perpétuation de services de qualité qui semblent tenir à cœur au ministre de la Famille.
Malgré toutes les bonnes intentions exprimées par le ministre de la Famille, la FIPEQ-CSQ rappelle que la semaine dernière, les représentants patronaux à la table de négociation nationale et regroupée en centre de la petite enfance (CPE) ont déposé des demandes qui, au lieu de faire avancer la profession et encourager les salariées à poursuivre leur carrière dans le réseau, visaient à soustraire des acquis de leurs conditions de travail.
« Nous ne comprenons pas pourquoi le discours du gouvernement est aussi contradictoire. D’un côté, on nous dit qu’on veut mettre en place des incitatifs à la formation et c’est une bonne nouvelle. Mais, derrière les portes closes, on accepte qu’il n’y ait rien d’attirant à nos conditions d’exercice, aucune solution n’est proposée afin de garder les éducatrices dans notre réseau et on refuse carrément de valoriser notre travail. Une étudiante qui veut se diriger vers notre métier va regarder d’abord le salaire et les conditions offertes sur le marché du travail, puis elle va vite se décourager du milieu de la petite enfance. Quant aux intervenantes non formées en place qui pourraient être intéressées par la formation, il faudrait d’abord s’assurer qu’elles ont les incitatifs pour rester, mais aussi qu’on pourra pourvoir leurs postes qui resteront vacants à cause de la pénurie. Les annonces d’aujourd’hui sont comme un “plaster” sur une plaie qui n’arrête pas de saigner, car même si les intentions sont nobles, dans l’urgence elles ne pourront pas apporter l’aide nécessaire au réseau », précise Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
La FIPEQ-CSQ attend avec impatience les futures annonces du ministre de la Famille, promises comme des solutions pour les intervenantes en milieu familial (RSE). La fédération insiste sur le fait qu’actuellement, le meilleur moyen pour pallier la crise vécue par les familles du Québec est d’injecter de nouvelles ressources pour l’attraction et la rétention de RSE dans toutes les régions du Québec. Les services éducatifs en milieu familial régis et subventionnés sont les seuls à être capables d’être opérationnels très rapidement, voir en quelques semaines seulement, et donc de créer des places de qualité à très court terme pour les tout-petits.